The sunrise go up... [ft. Caléa]

Un joli titre de RP

“Citation”

Je suis née de haine. Oui, c'est bien cela. Mon être n'est empli que de cette seule émotion. La haine. Avec la vengeance, aussi. Mais personne ne comprend. Personne ne peut comprendre ce je suis, ce que je ressens. Personne ne peut savoir à quel point j'ai été humiliée, trahie, bafouée. C'est d'ailleurs bien pour cela qu'aujourd'hui, je ne suis plus qu'une enveloppe de chair remplie de haine. Moi, Croc de Couleuvre, guerrière de la Tribu de la Pénombre, la plus sombre qui existe, suis bel et bien le félin le plus haineux jamais vu sur ces terres.

Et lorsque je sortis ce matin là, pas un des autres de mes "camarades", s'il m'est encore possible de les appeler ainsi, ne m'adressa un minuscule regard. Rien. Et c'était comme ça chaque matin ou presque. A cause de mon caractère, et de mon passé aussi, peut-être. Un des combattants m'appela cependant. Griffe de Blaireau. Le seul ici qui me regarde droit dans les yeux, et qui a l'air d'apprécier ma compagnie. Enfin, je crois. Je n'en suis pas sûre. C'est un peu ma seule base ici, le seul chat sur lequel je peux compter, malgré le Code du Guerrier que suivent les félins de la Tribu. J'ai essayé de prendre un nouveau départ. Mais je n'arrive pas à me sociabiliser. Malgré tous mes efforts, cela s'est soldé en échec. Il me manque quelque chose dans la poitrine, j'en ai conscience. Cette chose, je ne sais pas ce que c'est. Mais c'est le fait que je ne la possède pas qui crée ce vide entre les autres et moi.

Griffe de Blaireau s'approcha alors de moi, me tendant un merle qui avait l'air fort appétissant. Mais je n'avais pas faim. Je déclinai son offre en affichant une sorte de sourire, qui se résume en quelque sorte à une grimace chez moi. Le guerrier haussa les épaules avant de repartir. Il avait l'habitude avec moi. Et encore, c'était mon refus le plus poli. Il m'arrivait de me moquer de lui et de l’injurier en public, si bien que tous, moi y compris, se demandaient pourquoi il s'accrochait encore à moi. Je m'éloignai alors au dehors, préférant la solitude à l'ambiance étouffante du camp. Pas de mission pour moi. Je pensai chasser, et je me préparai aussitôt, après m'être assez éloignée du camp, à l'affut de la moindre proie. Je les voyais. Je les entendais. Ma précision et ma vitesse conférées par ma plume avait développé mes sens, au détriments d'autres, peut-être.

Car je n'avais pas vu le lieu où je me trouvais, ni cette féline, derrière moi, qui me regardait. Ce n'était un territoire ennemi, hein ! C'était une terre neutre, l'étang aux proies, là où un combattant avait sûrement le plus de chance d'en trouver. J'étais arrivée là un peu par hasard, faisant une course sans but précis. Concentrée sur ma proie, je bondis, et tua avec rapidité et efficacité un merle plutôt dodu, pestant contre les quelques restes de neige qui trainaient çà et là. La saison des feuilles nouvelles serait belle, cette année, aussi, quoique la neige avait fondu plus rapidement que les années précédentes, d'après mes estimations. Je prenais dans ma gueule le petit volatile fraichement tué et me retournai, avant de stopper chacun de mes mouvements.

En face de moi se trouvait un félin dont j'avais vaguement senti l'odeur, mais qui ne m'avait pas alerté. Une chef. Et celle de la Tribu du Ruisseau, Plume du Loup. Je ne bougeai pas, la fixant de mon regard vert émeraude, car j'avais à vrai dire trop de fierté en moi pour faire ce que tout bon félin aurait fait. La saluer, et j'en passe. On resta de longues minutes ainsi, à s'observer l'une et l'autre, sans parler. En tout cas, je n'étais pas prête à entamer la conversation.

Un joli titre de RP

“Citation”

Visiblement, Plume du Loup semblait avoir compris que je n'engagerai pas la conversation. Les paupières un peu moins plissées que tout à l'heure, je continuais de la regarder, ma méfiance ne baissant pas pour autant. La chef de la Tribu du Ruisseau opta pour un début de conversation neutre et miaula:

-Bonjour, guerrière de la Tribu de la Pénombre.

Elle venait en quelque sorte de me saluer. J'arquai un sourcil, dubitative, avant de m'assoir sur le sol pour enrouler ma queue autour de mes pattes, agitant légèrement les oreilles. Il fallait absolument que je mette toute ma haine et ma fureur de côté, que je me contrôle. Après tout, cette chef n'était en aucun cas responsable de mon malheurs et de mes problèmes. Il fallait donc que j'essaie de rester mature et calme face à elle. Mais pas non plus trop impassible, car sinon, cela serait trop étrange. Il fallait que je masque au mieux mon problème, comme ça au moins, elle n'aurait pas à s'en mêler. Je secouai la tête avant de finir par articuler, d'un ton tout de même légèrement froid:

-Salutations, dirigeante de la Tribu du Ruisseau, Plume du Loup.

Finalement, j'avais réussi à dire quelque chose d'un ton presque neutre et normal. Il fallait que je continue dans cette voie.

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“Citation”

Plume du Loup me fixa quelques instants, semblant s'interroger à mon sujet. Je plissai le museau. Je n'aimais pas franchement que l'on s'intéresse à mon passé, à mes douleurs et ce que j'avais fait. Je n'aimais pas qu'on fouine dans ce qui avait été ma vie, mais qui aujourd'hui était derrière moi. Cependant, je ne dis rien, attendant que elle finisse par dire un mot. Et c'est ce qu'elle fit presque aussitôt:

-Merci. Comment vous appelez-vous ?

Merci ? Pourquoi me disait-elle merci ? Cela me laissait perplexe, mais je me repris bien vite. Elle pouvait me remercier si elle voulait, au fond, cela n'avait pas grande importance. Mais maintenant, elle m'avait demandé mon nom. Et je n'avais pas spécialement envie de lui dire, pas du tout, même. C'était une chef, mais je gardai tout de même la tête haute, après tout, ce n'était ma chef, mais celle de la Tribu du Ruisseau. Comme si elle semblait l'avoir deviné, elle bondit dans les fourrés, je la vis remuer quelques instants sa queue, puis elle disparut, avant de reparaitre avec une souris dans la gueule, dont le fumet était plutôt alléchant je devais le reconnaitre. Mais je n'étais pas venue la pour parler proie, juste pour être le seul. Ce qui, actuellement, n'était pas vraiment le cas. Elle alla l'enterrer je ne sais où, elle craignait que je lui vole sa prise ? ce n'était pas du tout mon genre. Elle revint ensuite comme si de rien n'était. Je pestais en la fixant maintenant d'un regard dédaigneux. Les chats qui allaient et revenaient pour faire leurs trucs pendant une conversation, ce n'était pas ceux que j'appréciai le plus, car j'avais surtout l'impression qu'ils se moquaient éperdument de moi. Et j'ai horreur de ça. Je lâchai donc enfin, toujours avec cette mine tirée et dédaigneuse:

-Je suis Croc de Couleuvre, guerrière de la Tribu de la Pénombre.

Je faillis rajouter que c'était la plus noble et la meilleure des quatre, mais je ne le fis pas, j'avais quand même en moi un minimum de respect envers Plume du Loup, et puis je ne voulais point créer d'embrouilles entre deux Tribus.

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“Citation”

Je la fixai toujours avec cette même moue ressemblant à du dégoût, mais qui bien évidement n'en était, cela aurait été impoli envers n'importe quel félin, encore plus envers une chef, et je n'aimais pas voir cette émotion sur le visage de ceux qui m'observaient, donc, je n'allais pas en plus faire de même sur d'autres, cela aurait été me faire avoir par l'ennemi.

L'autre féline alla alors s'étirer contre un arbre en sortant les griffes, ce qui laissa quand même des marques sur celui-ci. Je fronçais à nouveau les sourcils, car même si moi je l'avais vue faire et que ce n'était en aucun cas ni provoquant ni vraiment voulu, les deux autres Tribus, ainsi que la mienne, ne prendrait pas cette simple marque pour un défi de territoire ? Je secouai la tête tandis que l'autre plongeait maintenant dans l'eau, nageant comme n'importe quel membre de sa Tribu, mais sans pour autant me quitter des yeux, je le voyais à la lueur de ses prunelles qu'elle me surveillait même en nageant. Ma loyauté envers ma Tribu était tellement importante pour moi que je me faisais parfois des fausses idées.

Si je m'approchai alors de l'eau, ce ne fut pas pour y nager également, je n'étais pas un poisson, ni un membre de la Tribu du Ruisseau. Je me contentai donc de baisser le cou vers la surface limpide pour en laper quelques gorgées, l'eau fraiche me faisant un bien fou en pénétrant dans ma gorge sèche. Car oui, j'avais très soif. Je reculai ensuite pour m'assoir au bord de l’Étang aux Proies, fixant la surface sans avoir pour autant envie d'y pénétrer. La mort de Nuage de Renard, même si elle ne s'était pas déroulée en ce lieu et que c'était une traitresse, et que en plus, cela commençait à dater, restait fraiche à ma mémoire. Je soupirai en plongeant ma patte dans l'eau pour l'agiter, ce qui fit quelques remous. Il faudrait bien qu'un jour, j'oublie un peu mon noir passé.